Les géologues et autres scientifiques identifient la pierre de Mbigou, chef-lieu du département de la Boumi-Louétsi, dans la province de la Ngounié, comme une roche poreuse, douce, lourde et massive. Pour ses qualités exceptionnelles, notamment son caractère tendre et modelable, elle sert de matière première à de nombreux artistes sculpteurs qui, depuis des générations, la travaillent.
Au fil du temps, l'activité sculpturale de la pierre de Mbigou s'est imposée d'elle-même dans l'environnement culturel national. En 1981, le défunt Amiar Ngang'ang, alors ministre de la Formation professionnelle et de l'Artisanat, avait inspiré la création de la Coopérative des produits artisanaux de Mbigou (Coopam), et la construction de son siège, le village artisanal, au quartier Alibandeng, dans le premier arrondissement de Libreville.
"Certes, la mesure qu'avait prise le gouvernement d'interdire aux touristes d'acheter plus de cinq objets et de sortir du Gabon avec les œuvres de la pierre de Mbigou vise à protéger la matière gabonaise. Pourtant, elle devrait être revisitée, d'autant plus que cette décision est une épine dans la vie de notre activité artistique. Sans le savoir, elle tue à petit feu ce secteur artisanal (...). C'est notre travail principal et, par ricochet, notre source de revenu. Depuis que nos œuvres ne se vendent plus, faute d'acheteurs constitués en majorité des touristes étrangers, nous n'arrivons plus à joindre les deux bouts. À nous nourrir et à scolariser nos enfants", se plaint le président de la Coopam. À cette difficulté, il faut ajouter la concurrence déloyale à laquelle font face les sculpteurs de la pierre de Mbigou, du village artisanal d'Alibandeng. Des pseudo-artistes et vendeurs d'œuvres d'art qui profitent de leur positionnement stratégique au centre-ville.
Isaac MUKETA MUELE
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