Recul démocratique pour les uns, gage de transparence pour les autres. Adopté à une très large majorité en séance plénière mercredi dernier au palais Léon-Mba, le projet de loi modifiant et supprimant certaines dispositions de la loi 07/96 du 12 mars 1996 portant dispositions communes à toutes les élections politiques consacre la rétrocession de l'organisation et l'administration des scrutins dans notre pays au ministère de l'Intérieur.
C'en est fini donc de la gestion des élections par une structure administrative autonome et permanente. Une page que notre pays avait ouverte au lendemain des Accords de Paris en 1994, avec la mise en place de la Commission nationale électorale (CNE) puis la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP).
Et vingt-quatre ans plus tard, avec l'érection du Centre gabonais des élections (CGE). Une gestion qui, à en croire certains spécialistes, était accolée à un "système hybride". D'autant que le ministère de l'Intérieur, à travers notamment l'établissement des listes électorales, la mise à disposition du matériel électoral, la détermination des centres de vote, était un acteur majeur.
Trois expériences qui, à l'évidence, n'auront pas permis à notre pays d'être à l'abri des contestations et des violences post-électorales. Tant aussi bien la CNE, la CENAP que le CGE ont été au centre de nombreuses récriminations d'électeurs et des acteurs politiques.
En étant notamment pointés du doigt pour leur "manque d'impartialité, de neutralité, de transparence". Tout en étant considérées, à tort ou à raison, comme étant trois entités "exclusivement dédiées à la défense des intérêts des candidats du pouvoir d'alors".
C'est dire les attentes des populations dans le déroulement des prochains scrutins. Le ministère de l'Intérieur se doit d'être, en effet, à la hauteur de leurs espérances en matière de transparence.
D'autant plus que notre pays n'a que trop souffert des processus électoraux opaques. Et que la restauration des institutions suppose une administration neutre, au-dessus de tout soupçon, et au service de l'intérêt général.
J.K.M
Libreville/Gabon