ILS ne le diront sans doute pas, mais nous le pressentons. Hier, en Conseil des ministres, le président Ali Bongo Ondimba a vertement tancé ses ministres.
Cette sortie du chef de l'État intervient moins d'une semaine après qu'il eut exprimé au Premier ministre, Rose-Christiane Ossouka Raponda, son insatisfaction face à la lenteur, disons la faiblesse des résultats engrangés jusque-là dans la mise en œuvre des politiques publiques ainsi que des actions visant à améliorer les conditions de vie de nos compatriotes.
Si l'on en juge par la tonalité des propos (légitimes) du président de la République, et les nombreux griefs formulés, ils devraient amener les uns et les autres à une remise en cause de leurs méthodes de travail. Et même, comme cela se fait dans les grandes démocraties, rendre leurs tabliers parce qu'ils ont échoué lamentablement. Mais, on n'a pas encore intégré cette culture. Alors, il faut passer à la phase du remaniement du gouvernement que certains appellent de tous leurs vœux.
En effet, formée à la suite des atermoiements qui ont émaillé l'exercice des précédents gouvernements, aujourd'hui encore, tous les ingrédients paraissent réunis pour que le chef de l'État forme une nouvelle équipe à un an des élections générales. Car, de l'avis de l'opinion, il est inconcevable que, disposant pourtant d'une conjoncture plus favorable, le gouvernement actuel peine à apporter des solutions fiables aux problèmes qui minent chaque jour le quotidien des Gabonais toujours plus inquiets pour leur avenir.
Certes, si l'on peut se réjouir des avancées dans plusieurs domaines, il n'en demeure pas moins que l'insatisfaction de la société apparaît sur tous les regards. Les sujets de mécontentement étant trop nombreux. La vie chère tétanise de nombreux foyers, le chômage des jeunes toujours épineux, l'accès à l'eau une véritable gageure. Que dire du sempiternel problème du réseau routier et des voiries urbaines malgré les fonds engloutis ?
Pis, en dépit de plusieurs instructions d'Ali Bongo Ondimba lui-même, pour la résolution de l'insalubrité grandissante dans le Grand Libreville, le gouvernement est resté atone.
Ce qui traduit son incapacité à gérer ce dossier. Comme bien d'autres confiés à des ministres qui font de la figuration, se complaisent dans leur confort, dans des discours creux et mesures non suivies d’effets. Si certains parmi eux sortent du lot, au regard des actions initiées dans leurs secteurs respectifs, il reste que les motifs de satisfaction à mettre à l'actif de l'ensemble du gouvernement apparaissent bien maigres. Ce n'est point étonnant que le président de la République soit amené à taper du poing sur la table, conscient des enjeux et de l'urgence de remobiliser une troupe préoccupée à préparer ses arrières et minée par des contradictions internes.
Conséquence, on assiste à des conflits d'intérêts, l'indiscipline, l'individualisme et autres attitudes qui ébranlent la cohésion d'un groupe qui pâtit déjà de l’absence d'une communication gouvernementale cohérente, efficace et donne du grain à moudre à tous les oiseaux de mauvais augure et autres critiques contre le chef de l'État.
Ce climat surréaliste qui caractérise ce groupe comptant en son sein des ministres naviguant à contre-courant voire avec des agendas cachés, devrait interpeller les uns et les autres sur l'existence d'un mal qui, in fine, sabote la politique du chef de l'État.
Parce que refusant (volontairement ?) de traduire dans les faits sa politique visant à changer et améliorer la vie de nos compatriotes, mais qui, aujourd'hui sclérosés, agissent et répondent à des chapelles autres, en perpétuant des pratiques qui bloquent l'action commune et nuisent aux intérêts du plus grand nombre.
Tout ceci pourrait conduire le chef de l'État, davantage assoiffé de résultats, à revoir, à juste titre, l'équipe.
Lin-Joel Ndembet
Libreville/Gabon