LA nouvelle, triste, bouleversante, est tombée au soir de ce lundi 8 mai 2023 : Anaclé Bissiélo est mort ! À tout juste 65. Des flots de messages de compassion ayant aussitôt afflué sur les réseaux sociaux, l'on en retient un : une immense perte pour le Gabon.
Car, au-delà de l'homme au long parcours politique (militant engagé dès les années 90, leader de parti, parlementaire, ancien ministre…) que l'on ne présente plus, Anaclé Bissélo était surtout et avant tout un homme de science et de culture jouissant d'une estime déférente même au sein du monde universitaire où il laisse de nombreux disciples inconsolables.
Le 20 janvier 2023, il nous était donné, sur son insistante invitation, d'assister à l'une de ses dernières sorties magistrales au département de sociologie de l'Université Omar-Bongo où il était jusqu'à son décès responsable du parcours ''Sociologie du Travail et des Organisations'' (STO) qui forme jusqu'en Master avec ouverture sur l'École doctorale au sein de la Faculté des lettres et des sciences humaines.
Ce jour-là, le département de sociologie recevait, par l’entregent du directeur de la Rédaction de L'Union, Lin-Joël Ndembet, un hôte de marque : Christian Kerangall, homme d'affaires et néo auteur. C'était dans le cadre du cycle des ‘’Grandes conférences’’ du Gertom (Groupe d'études et de recherches travail organisation management). Le Gertom étant constitué de la nouvelle génération d'enseignants du parcours STO, tous, ses étudiants. Et la rencontre s'inscrivait dans une longue tradition de passerelles jetées vers le monde professionnel (administration-secteur privé-Organisations internationales…).
''Le moment est venu, pour cette génération, de renouveler les terrains de la recherche au bénéfice des étudiants du nouveau monde qui émerge. Leurs interlocuteurs seront les managers qui ont reçu le témoin des mains des dirigeants de la génération de M. Kerangall'', nous confiait-il alors.
''C'est (ici) tout le symbole manifeste de mon propre passage de témoin, dans un double esprit d'achèvement d'une mission et de fierté'', concluait-il de façon quasi testamentaire.
Comment ne pas, aussi, évoquer sa dernière apparition publique, le 8 mars dernier, à l'occasion de la 1re édition du Salon international féminin du livre et arts du Gabon (6FLAG) autour du thème ''La femme, tout un art'' ?
Son verbe haut, son éloquence légendaire, furent ''une véritable poésie'' sur l'hommage touchant qu'il rendit ce mercredi-là, dans un auditorium comble de la maison Georges Rawiri, à la marraine de l'événement, l'écrivaine Justine Mintsa.
Était-ce donc le chant du cygne ?
Issa IBRAHIM
Libreville/Gabon