Léon Folquet : "Soyons pragmatiques pour assurer à nos jeunes talents un avenir viable"

Élu pour la première fois en 2007, Léon Folquet n'a pas, en juillet 2022, souhaité briguer un 4e mandat consécutif à la tête du Comité national olympique du Gabon. Ce qui est rare ! Après son départ du CNOG, que devient-il ? Dans l'entretien ci-dessous, l'ancien journaliste sportif des années 80 donne des pistes de solution pour sortir le sport gabonais de la torpeur dans laquelle il est plongé. Il se dit également disposé à servir son pays en cas de besoin pour un sport gabonais performant.

• Léon Folquet, vous avez été pendant longtemps président du Comité national olympique du Gabon. Votre expérience n'est plus à démontrer, même si vous avez volontairement cédé votre fauteuil de président du CNOG. La première question avant d'entrer dans le vif du sujet est de vous demander pourquoi avoir quitté le Comité olympique local là où certains se seraient accrochés par tous les moyens ?

- Léon FOLQUET : J'avais fait tout simplement mon temps. Et que par conséquent, il fallait passer le flambeau à une nouvelle génération de dirigeants afin de permettre de régénérer l’esprit du Comité national olympique du Gabon et d'apporter du sang neuf. Et je ne me suis pas trompé, à en juger par le travail accompli par les nouveaux dirigeants. Le sport gabonais peine véritablement à décoller.

Les résultats se font toujours attendre. Comment, d'après vous, relancer le sport local et produire des résultats ?

- Relancer le sport dans notre pays est un sujet qui entre dans le vaste domaine de compétences du ministère en charge des Sports. Je pense qu’il faut relancer la pratique du sport dans les établissements scolaires. Notamment au primaire, au secondaire et enfin dans les universités. Il faut, premièrement, améliorer le temps de la pratique du sport dans les différents établissements. À savoir consacrer un après-midi par semaine pour la pratique des activités sportives. Puis, poursuivre la même politique dans les universités en créant des infrastructures sportives modernes de plusieurs disciplines. Ces espaces permettront aux étudiants de continuer la pratique du sport favori des uns et des autres…

Mais encore ?

- Quand vous observez ce qui se passe actuellement, il y a une cassure brutale. En effet, dès la sortie du lycée, le sport est relégué aux oubliettes. Il suffit de créer un département chargé des sports au rectorat qui aura pour missions d’organiser des compétitions. Le ministère des Sports doit associer les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur pour harmoniser ces politiques. En sus, j’impliquerais les collectivités locales pour la pratique des sports dans les quartiers, à condition de renforcer leur budget et que les lignes budgétaires soient votées.

Entre sports collectifs et individuels, quel choix faire en termes d'accompagnement par l'État ?

- En réalité, il n’y a pas de choix à faire. Il faut d’abord évaluer nos forces et faiblesses et en fonction de l’agenda de chaque discipline et de leur ranking sur le plan international. L’État met ensuite à disposition les budgets. Et pour cela, il n’y a aucune complication car les calendriers internationaux sont connus à l’avance. Le plus important réside dans le temps de préparation de nos athlètes et des moyens alloués. Pour atteindre la performance, il est important de mettre l’accent sur la formation des entraîneurs, des dirigeants et trouver des centres de formation de bon niveau et, pourquoi pas, créer un centre sportif dans le même style que l’INSEP en France, en s’appuyant sur une coopération multilatérale pour avoir des spécialistes de haut niveau qui viendraient en période d’alternance selon les disciplines. Le Gabon dispose de moyens. Alors, soyons pragmatiques et visionnaires pour assurer à nos jeunes talents un avenir viable.

Selon vous, quel modèle de développement pour un sport gabonais performant ?

- Il est indéniable et indispensable de revoir la politique d’entretien des magnifiques stades qui ont servi lors des deux Coupes d'Afrique des nations 2012 et 2017. À savoir : Oyem, Angondje et Port-Gentil. Des stades qui ont beaucoup coûté au contribuable gabonais et qui ne fonctionnent plus. En dehors de celui de Franceville. C’est totalement incohérent ! Mieux, si on parle développement, alors dans ce cas nous devons nous pencher sur l’organisation des compétitions sous-régionales et continentales pour permettre à nos athlètes de performer. Également renforcer la construction d’autres structures en province. Mettre les moyens et entretenir le stade de football de Lambaréné inachevé et abandonné. Mettre une piste d'athlétisme au niveau du stade de Mouila. Construire un gymnase modulable multi-disciplines avec une modeste capacité d’accueil de 1 000 places.S'assurer de l’implantation des structures sportives dans tous les établissements scolaires en construisant des plateaux sportifs…

Vaste chantier, n'est-ce pas ?

- Effectivement ! Le programme décliné est un vaste chantier qui nécessite des études structurées avec une évaluation des coûts d’investissement. Il est également indispensable de disposer d’une planification des ressources pour échelonner la réalisation de tous ces projets.

Pensez-vous que le CNOG ou le CIO peut jouer un rôle important dans le sens du développement du sport gabonais ?

- Parmi les sources d’inspiration, le ministère pourrait associer le CNOG pour disposer d'outils de développement des sports. Le CIO, par le biais de Solidarité olympique, est un modèle exceptionnel qui est servi à 206 CNO à travers le monde.

Alors, pourquoi ne pas s’en inspirer et renforcer avec les moyens de l’État ? Pour conclure, que devient Léon Folquet ?

- Je réside désormais en France pour des raisons de santé. Entre-temps, j’ai été remercié de mon poste d'administrateur délégué de Total lors du Conseil des ministres de février 2023. Et depuis lors, je suis sollicité par plusieurs Comités nationaux olympiques à travers le monde et j’apporte ma modeste contribution en qualité de consultant. Et pour mon pays, je reste disponible.

Entretien réalisé par WillyNDONG

Libreville/Gabon

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