D'aucuns parleraient d'un coup de théâtre. Mais nous nous contenterons de donner les faits. La démission d'Alain-Claude Bilie-By-Nze, dernier Premier ministre du régime déchu d'Ali Bongo Ondimba, par ailleurs membre du Comité permanent du Bureau politique du Parti démocratique gabonais (PDG) jusqu'au 7 mars dernier, date de la mise en place du directoire provisoire dudit parti et dans lequel il occupe le poste de 2e vice-président. Et c'est justement de ce poste qu'il a démissionné sans préciser pour autant qu'il claque la porte dudit parti.
Dans une correspondance datant du 2 avril dernier, adressée à Paul Biyoghe Mba, 1er vice-président dudit directoire, Alain-Claude Bilie-By-Nze souligne, après avoir rappelé les raisons l'ayant conduit à accepter de faire partie du bureau provisoire, que : "Je constate avec regret que le bureau provisoire de notre parti soutient sans réserve et sans consultations préalables, toutes les initiatives du président du CTRI, y compris celles qui sont préjudiciables au PDG". Et de poursuivre : "Il en est ainsi du refus de notre directoire d'aborder la question essentielle de la vérité sur les évènements d'août 2009 et d'août 2016".
Ce cadre du PDG estime qu'il lui a semblé impérieux, au moment où le parti est régulièrement accusé d'avoir perpétré des massacres lors de ces crises électorales, "d'aborder la question avant la tenue du Dialogue national inclusif et d'exiger à notre tour la mise en place de cette Commission Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation tant réclamée par l'opposition, la société civile et l'Église".
Et de s'interroger : "Qu'est-ce qui empêche que le débat soit ouvert sur cette épineuse question ? Pourquoi renvoyer sine die un sujet qui cristallise tant l'opinion et qui semblait faire consensus il y a quelque temps encore ? Qui cherche-t-on à protéger ?"
Alain-Claude Bilie-By-Nze estime que le refus d'ouvrir ce débat dès à présent, "constitue une rupture de confiance." D'où sa démission.
Toutefois, il s'emploiera, "avec d'autres compatriotes qui le jugeront utile, dans les jours, les semaines et les mois à venir, à faire entendre une voix différente."
ONDOUBA’NTSIBAH
Libreville/Gabon