Habitants deux quartiers distincts, un gendarme à la retraite et un couple ont perdu la vie dans des conditions identiques. En effet, alors qu'elles dormaient, les victimes ont été ensevelies par plusieurs tonnes de boue provenant des éboulements provoqués par des fortes pluies qui sont tombées entre dimanche et jeudi. Est-il nécessaire que surviennent pareils drames pour remettre au goût du jour la sempiternelle problématique du logement décent à Libreville, entre autres ? En effet, à y regarder de près, si les conditions étaient véritablement réunies en termes d'observation des normes de construction dans les zones impactées par les éboulements, on aurait peut-être pu prévenir ces drames.
À la lumière des faits, la responsabilité des pouvoirs publics est fortement engagée. Et pour cause, Il revient à l'État, par le truchement du ministère en charge de l'Habitat et de l'Urbanisme, de mettre progressivement un terme à l’habitat anarchique et précaire. Toute chose qui passe par l'accentuation des politiques d’aménagement destinées à mettre à la disposition des populations des espaces où il fait bon vivre. Aussi, le projet des zones d’aménagement concertées (ZAC) devait-il, par exemple, permettre d'abriter plus de la moitié de la population de Libreville. En délogeant au passage les habitants de plusieurs quartiers sous-intégrés. Mais cette question du logement décent n'engage pas seulement l'État, au regard de ce que les populations ont aussi une grande part de responsabilité dans le choix des zones dans lesquelles elles décident de s'établir.
De fait, relativement au constat pratique sur le terrain, nombreux sont ces Gabonais qui construisent dans des espaces peu propices. Le cas des cuvettes qui sont pourtant présentées par les experts de l'Urbanisme comme étant non ædificandi. À savoir des zones déterminées comme ne pouvant recevoir aucun édifice à cause de leurs contraintes. En dépit des risques manifestes, plusieurs personnes n'hésitent pas à bâtir leurs demeures dans ces terrains en forme d'entonnoir. À défaut d'ériger des murs sur le lit d'une rivière. Malheureusement, chaque année, les habitants de ces "taudis" et ces "mapanes" – qui semblent plutôt accoutumées au danger –, sont les premières à en payer le lourd tribut.
Styve Claudel ONDO MINKO
Libreville/Gabon