L’ancien aide de camp de Brice Laccruche Alihanga, ex-directeur de cabinet du président de la République Gabonaise a comparu, vendredi 18 mars dernier, devant cette juridiction pour des faits de concussion et de blanchiment d’argent. A cette peine, pourraient s’ajouter des dommages et intérêts à hauteur de 200 millions de francs et la confiscation de tous les biens litigieux.
Il est reproché à l'officier subalterne d'avoir perçu de Brice Laccruche Alihanga de l'argent pour le convertir en investissement, notamment dans l’immobilier, en sachant que ces finances provenaient de détournements. Un aide de camp est un officier subalterne chargé de suivre son patron pour exécuter ses ordres. En permanence à ses côtés, il veille notamment à son confort. Loyal, il n’a pas pour mission de dénoncer les faits de la personnalité auprès de laquelle il est affecté. C’est, selon ses avocats, Me Gomez et Maguisset, ce rôle qu’a joué effectivement le lieutenant Yoanis Kongo aux côtés de Brice Laccruche Alihanga. Et, ont-ils estimé, ce n’est pas pour cela qu’il devrait être condamné.
Ainsi, lors de l’audience du vendredi dernier, ils ont remis en cause la constitution des charges imputées aujourd’hui à leur client. À commencer par Me Gomez qui a récusé la constitution du délit de concussion. D’autant que, a-t-il poursuivi, la loi ne définit pas qui est dépositaire de l'autorité de l'État, tel que mentionné à l'article 127 du Code pénal. Pour l’avocat, l’élément matériel de l'infraction n'est pas constitué, car son client recevait ses primes à la présidence de la République, en même temps que d’autres personnes qui n'ont pas été arrêtées. Tout en attaquant la violation de la procédure, notamment sur la garde à vue de Yoanis Kongo, il a donc demandé sa relaxe pure et simple sur le délit de concussion.
Sa défense souhaite aussi qu’il lui soit accordé des circonstances atténuantes concernant le blanchiment des capitaux, et que le Tribunal correctionnel spécial le condamne à la durée qu'il a déjà passé en prison. Me Cédric Maguisset a, quant à lui, demandé au Tribunal de déclarer son client non coupable des faits à lui reprochés. Et de rejeter la constitution de la partie civile de l’État gabonais car, selon lui, les avocats de l'Etat n'ont pas fait la démonstration du préjudice subi. " De la même façon dont Yoanis Kongo ne pouvait pas savoir si les ressources reçues de l’ancien directeur de cabinet du président de la République étaient illégales, il y a lieu de se demander où sont passées toutes les personnalités politiques que mon client arrosait d'argent au compte de son chef Brice Laccruche Alihanga.
Si les fonds étaient illégaux, ces personnalités devraient être aussi arrêtées ou entendues ", a estimé l’avocat.
G.R.M
Libreville/Gabon