Scission à l’Union nationale : la main noire du patriarche ?

Scission à l’Union nationale : la main noire du patriarche ?

VENDREDI dernier, l’Union nationale (UN), le principal parti de l’opposition de cette dernière décennie, a vécu un schisme avec l’acte de création de l’Union nationale initiale (UNI) dont les figures de proue sont Paul-Marie et Chantal Gondjout, président et vice-président de la nouvelle formation politique. Gendre et fille de l’ancien président fondateur de l’UN, Zacharie Myboto, certains pensent que leur décision de claquer la porte de ce parti n’aurait jamais été effective sans l’aval du patriarche.

 

Que dire de la suite à donner à ces évènements qui précipitent un peu plus dans l’abîme une chapelle politique qui augurait, surtout à sa naissance, des lendemains meilleurs par le poids politique de ses acteurs de l’époque ? Sans véritablement surprendre ceux qui suivent de près la scène politique nationale, notamment de l’opposition, les départs de Paul-Marie et Chantal Gondjout, ainsi que d’autres, de l’Union nationale (UN) pour créer l’Union nationale initiale (UNI) sonnent comme le paroxysme d’une crise dans un parti politique ayant maille à partir avec ses principaux acteurs et animateurs depuis l’élection à la présidence de Paulette Missambo. Bien qu’ayant pris sa retraite politique, l’ombre de Zacharie Myboto plane sur cet événement qui met un coup de poignard dans le dos d'un projet politique dont il porte pourtant la paternité depuis 2010.

 

C’est vrai, le gendre et la fille de l’ancien président fondateur de l’UN n’ont jamais caché leurs velléités de lui succéder, il n’empêche que si une démarche conciliatrice avait été menée par "Zach Power" à l’endroit de tous ses éventuels successeurs, la situation n’aurait pas dérapé de façon aussi dramatique. D’autant plus qu’ils sont nombreux à soutenir que la voix du natif de Mounana, dans le Haut-Ogooué, était encore prépondérante parmi les siens. Qu’est-ce qui peut bien expliquer son attentisme, son attitude à ne point lever le petit doigt ? Une fois battus par Paulette Missambo, à la suite de l'élection à rebondissements à la tête du parti, Paul-Marie Gondjout, son épouse Chantal et leurs principaux soutiens, ainsi que Zacharie Myboto, auraient dû faire montre de fair-play politique en acceptant leur défaite. Au lieu de cela, l’ancien secrétaire exécutif adjoint était entré immédiatement dans la dissidence à travers des déclarations et des déplacements sur le terrain.

 

Sous forme de rébellion contre la nouvelle hiérarchie du parti dont il était (pourtant) encore membre jusqu’à la semaine dernière. Une liberté de mouvement que n'appréciaient guère la présidente et son staff qui, sans réagir publiquement pour condamner ces actes, ont donné l’impression d’être tétanisés. Pourtant, dans les chaumières, le discours était à la critique acerbe du "Gendre" comme ils l'appellent ironiquement. Une attitude des nouveaux dirigeants que d'aucuns assimilent à du mépris à l’endroit du "gendre" aux ambitions dévorantes mais "battu" se souciant très peu de l’unité au sein d’une formation politique qui en avait plus que besoin. Sans être dupes, même si les torts sont "partagés", la responsabilité d’une telle sortie fracassante, auront de lourdes conséquences. Notamment à l’approche des élections générales de l’an prochain. Et l'échec incombera beaucoup à Paulette Missambo, accusée de n’avoir pas su tendre la main à ses "opposants". Tout comme le silence coupable de l’ancien député de Mounana dont on devine la main noire pour saborder l’UN. Et comme par hasard, le siège du nouveau parti se trouve au quartier Ancienne-Sobraga. Propriété de Zacharie Myboto, c’est le même où a siégé pendant plus de 10 ans l’UN. Bizarre n'est-ce pas ?

 

Alors, d'aucuns se posent des questions quant à la suite à donner à cet événement. Paulette Missambo réagira-t-elle ? Son parti survivra-t-il à cette nouvelle saignée ? Si la sortie de Paul-Marie Gondjout de l’UN et la création de son parti affichent clairement son ambition de jouer un rôle important sur l’échiquier politique national, au cours des élections à venir, l’on se demande quelle est sa capacité à se mouvoir au point d’éclipser son ancienne formation politique. Sauf à compter résolument sur ses soutiens dans l’ombre qui l'aideraient à aller de l’avant en bousculant au passage les vieux cocotiers.

 

Jonas OSSOMBEY

Libreville/Gabon

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