AU lendemain du naufrage du "Esther Miracle" au large de nos côtes, l'activité commerciale a repris. Les voyages de jour prévus ont été enregistrés. Les voyageurs se sont rendus au port et ont répondu présents à l'appel de leurs noms avant d'embarquer à destination de Port-Gentil. Éric M. est l'un des passagers. Il dit avoir un rendez-vous d'affaires à Port-Gentil ce lundi. “Je dois impérativement répondre à l'appel de cette entreprise qui est un gros client pour moi. Je voyage pour des raisons professionnelles. J’aurais voulu m’y rendre par avion, mais le coût est de plus en plus élevé”, explique-t-il. Plus loin, Mme L, tient son petit sac à main. Elle vient de faire embarquer ses valises et attend l'heure du départ. "Je suis venue pour un mariage qui a eu lieu depuis plus de deux semaines. J'ai profité de ma présence ici pour faire des courses. Je n'ai plus d'argent pour payer la chambre d'hôtel que j'occupais, il faut que j'aille retrouver ma petite famille. J'aurais bien voulu me passer de ce voyage, mais les moyens ne me permettent de faire autrement. Je n'ai pas le choix…", confie-t-elle un peu inquiète.
Un peu plus loin, une jeune femme tient son petit garçon près d'elle. Elle prie en silence pour que ce bateau ne connaisse pas le même sort que le "Esther Miracle". "J'ai peur ! Je suis venue ici pour les soins médicaux de mon fils qui devait être opéré. Nous devons retourner. Mais voir ces familles atterrées m'inquiète au plus haut niveau, au point d'en avoir des ulcères", soupire-t-elle.
Quelques heures après l'annonce du naufrage, le gouvernement a décidé de la suspension à titre conservatoire des voyages de nuit pour les navires à passagers. Ceux qui naviguent de jour ne sont pas concernés. C'est, du moins, ce qui justifie la présence de ces voyageurs. Lesquels, la peur au ventre, vont affronter les vagues des mêmes eaux qui ont été fatales au navire de la compagnie Royal Cost.
Rudy HOMBENET ANVINGUI
Libreville/Gabon