Alors que le gymnase de Mouila est presque plein et que Raymond Ndong Sima, candidat à la présidentielle, a déjà commencé, ce mardi 15 août, en toute fin d'après-midi, à discuter avec son public, une femme, dans la fleur de l'âge, se fait la plus discrète possible. Elle est en retard et cherche une place. Elle s'asseoit, range trois grands sachets remplis de jouets d'enfants à ses pieds, puis demande à la petite fille qui l'accompagne de prendre aussi un banc et de s'installer auprès d'elle.
Devant, face à son auditoire, Ndong Sima se montre combatif et déterminé, expliquant aux Molvillois ce qu'il fera du Gabon aussitôt qu'il sera élu président de la République. Le candidat annonce qu'il va rapidement régler le problème de la régularisation des situations administratives des fonctionnaires. Comme il résoudra définitivement le problème rencontré par les retraités (cela se fera en une seule fois, promet-il). Ces sujets captivent celle que nous appellerons Marguerite. "Je veux comprendre ce qu'il va nous dire, c'est important", dit-elle à sa petite fille.
Raymond Ndong Sima enchaîne les propositions et prend des exemples qui parlent à son public. "Si vous avez un enfant, il est normal que vous vous inquiétez pour la maison dans laquelle il va grandir, si l'eau et le courant sont disponibles, si son école n'est pas trop loin de la maison, si l'enseignement est de bonne qualité. Vous allez aussi vous demander si vous pouvez, grâce à votre travail, lui payer ses cours. En l'état actuel des choses, c'est compliqué". Chaque illustration (qui mêle des concepts économiques, sociétaux ou juridiques) fait mouche. Marguerite regarde sa fille et semble se rendre compte qu'elle ne pourra peut-être pas lui offrir une vie meilleure que la sienne. "Votre vote peut changer les choses", a l'air de lui répondre Ndong Sima, à ce moment précis. "On vous a fait croire que votre bulletin n'avait pas de valeur. Qu'on pouvait vous l'échanger contre un sandwich ou un peu d'argent. C'est faux. Ce vote vous permet de choisir un homme et son programme, sa capacité à résoudre vos problèmes quotidiens. En tant qu'indépendant, je suis cet homme". Marguerite acquiesce, le meeting s'achève. C'est sans doute une voix supplémentaire pour l'ancien Premier ministre.
Serge A. MOUSSADJI
Mouila/Gabon