Des milliards injectés presque pour rien

CNSS, CNAMGS, CHU: des milliards injectés presque pour rien

Cnss, Cnamgs ou CHU… Nous sommes en train d'assister, les mains sur la tête en signe de désolation et d'impuissance, à la mort des systèmes de santé et de sécurité sociale au Gabon. Pourtant, pendant des années, il y a eu des signes avant-coureurs, de multiples avertissements que chacun a fait exprès de ne pas écouter. Pour une simple et bonne raison : il faut s'enrichir le plus vite possible et le plus possible. Les différentes directions, les médecins, les agents de ces structures, etc., ne pensent qu'à l'argent. Et peu importe si les retraités sont obligés de vivre misérablement, peu importe si les malades ne sont pas soignés correctement et si la maintenance des bâtiments devient une vue de l'esprit.

 

Les sommes investies dans la santé ont de quoi donner le vertige. Et cela se comprend. La santé avait reçu un budget de plus de 158 milliards de FCFA en 2020. En 2021, le gouvernement avait consacré 115,9 milliards de francs CFA (soit 5,9 % du budget de l'État) à ce département. Pour améliorer l'offre de soins. La sécurité sociale n'y échappe pas. La Cnamgs est dotée de trois fonds indépendants dont la Redevance obligatoire à l’assurance maladie (12,9 milliards FCFA inscrits dans la loi de finances 2 016) ou encore le fonds d’assurance maladie des agents publics (25,6 milliards FCFA inscrits dans la loi de finances 2 016). On comprend pourquoi des dirigeants de cette entité se retrouvent aujourd'hui en prison à cause de détournements massifs. Et c'est là tout le problème. Le choix des hommes n'a jamais été optimal. Car, le clientélisme, la corruption, la médecine de classe ou la marchandisation des soins sont devenus de véritables poisons dans les systèmes de santé et de sécurité sociale.

 

Il suffit de voir le visage des CHU ou de la Cnss pour en saisir l'ampleur. Plus personne n'a la notion du service public. Parce que tout le monde a laissé pourrir la situation, se contentant de ses petits intérêts. Finalement, on se demande à quoi vont servir les réformes liées à la gouvernance qu'on veut entreprendre. Elles ne seront jamais appliquées correctement parce que les mentalités ne s'y prêtent pas. On pense d'abord à protéger ses revenus malhonnêtes ou le frère du village (même quand c'est le pire criminel financier) au détriment du collectif.

 

L'État aura beau injecter des milliards dans la santé et la sécurité sociale, rien ne changera tant que ce mode de pensée ne bougera pas d'un iota.

 

Serge A. MOUSSADJI

Libreville/Gabon

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