L'expert français de 50 ans a été mis à la disposition du Comité national olympique du Gabon (CNOG) par la coopération française. Qui est-il et comment compte-t-il s'y prendre pour trouver des solutions visant à redresser un sport gabonais malade qui navigue dans un environnement où tout est à refaire ? Réponse dans l'entretien ci-dessous.
L'Union : Pouvez-vous vous présenter à nos électeurs ?
-Mounir Barbouchi : Je suis Français et j’ai 50 ans. J'ai pratiqué durant de très nombreuses années la boxe et d'autres sports de combat. Je suis dans le sport de performance depuis plus de trente ans. En effet, j'ai tour à tour été enseignant d'EPS, cadre technique de Fédérations françaises olympiques (boxe et volley-ball), directeur technique et manager de la performance au Maroc. J'ai aussi assuré de très nombreuses missions dans la formation technique, la Solidarité olympique, la gouvernance sportive et associative, le droit et la réglementation du sport. Je m'intéresse bien évidemment à toutes les composantes, évolutions, innovations qui touchent le sport. En tant qu'entraîneur, chef entraîneur, chef de délégation ou chef de projet, j'ai vécu de très nombreux Jeux au sein du Mouvement olympique : Jeux olympiques, Jeux olympiques de la Jeunesse, Jeux méditerranéens, Jeux du Pacifique, Jeux des pays arabes, Jeux des plages… Je suis très impliqué dans le sport africain et ce depuis de nombreuses années. À titre personnel, depuis une vingtaine d'années, j'ai siégé dans des commissions de Fédérations sportives internationales, j'ai dirigé ou administré des associations sportives en faveur de l'éducation par le sport ou pour la vulgarisation de la pratique sportive en zone rurale ou éloignée. J'ai par ailleurs écrit deux ouvrages sur l'enseignement de la boxe en milieu scolaire et de nombreux articles pédagogiques et didactiques.
Depuis quelques jours, vous êtes le nouvel expert technique international mis à la disposition du Comité national olympique du Gabon. En quoi consiste votre mission ?
Je revendique totalement cette expertise de très haut niveau. Elle a été confrontée à la réalité du terrain avec deux médailles olympiques à mon palmarès de Directeur technique national. J'ai renforcé cette expertise par la participation à une multitude de compétitions, grâce à un réseau sportif international puissant, à l'obtention de nombreuses certifications et diplômes dans le sport et, enfin, à l'enseignement de disciplines olympiques auprès de publics variés. J'ai été choisi, parmi une cinquantaine de candidats et après une sélection stricte et rigoureuse, par le président du CNOG, M. Crésant Pambo, pour accompagner techniquement cette institution durant les prochaines années et en vue des grandes échéances que sont les Jeux olympiques d'été, de la Jeunesse et africains. Mon rôle sera d'apporter une expertise technique de haut niveau dans les domaines, sur les enjeux et les problématiques que peut, pourra ou pourrait rencontrer le CNOG. Je travaillerai main dans la main avec le secrétaire général, M. José Walter Foula, qui connaît parfaitement les rouages et les spécificités du mouvement olympique.
Quelles sont les attentes du CNOG vous concernant ?
Le souhait du CNOG me concernant : s'attacher les compétences d'un professionnel aguerri et chevronné pour effectuer un "bond qualitatif" dans son département technique, pour répondre aux attentes des athlètes, des fédérations, du mouvement sportif et faire évoluer ainsi le dispositif Gabon Olympique afin d'être connu et reconnu dans le concert des nations sportives d'ici 5 à 10 ans. Dans le cadre de la coopération franco-gabonaise, je suis donc placé auprès du CNOG par Expertise France en tant que conseiller technique sport. Mon action sera aussi scrutée de France car ce type de coopération, porté par l'ambassade de France à Libreville, est une première en soi.
Avez-vous une idée précise des difficultés qui attendent le conseiller que vous êtes dans la mise en application de votre projet au Gabon ?
Dans toute entreprise humaine, il y a des difficultés, des frictions, des mésententes. C'est normal, particulièrement dans un domaine fait de passionnés. Tout chef de projet sportif doit passer par là. Je le sais, nous le savons. Il y aura des moments de tension, c'est dans la nature humaine. Mais selon moi, le plus important est que le diagnostic soit partagé et que la commande soit claire. Et cette dernière est claire : obtenir à plus ou moins long terme, un modèle olympique sportif gabonais efficace, percutant et qui ressemble et plait aux Gabonais. La vision est bien là ! Portée par le TOP Management du CNOG. L'état des lieux technique, quant à lui, sera fait, de manière exhaustive. À charge pour chaque partenaire institutionnel du sport national d'y mettre les moyens adaptés, d'apporter sa pierre à l'édifice. Le sport, surtout olympique, est très concurrentiel, c'est dans son essence même ! Mon rôle est donc d'avancer une stratégie et de l'appliquer. Partir de nos forces et juguler nos faiblesses. Heureusement certains points font consensus : la détection, l'accompagnement des athlètes de haut niveau, la pratique scolaire, la formation… Nous partirons de là. C'est de la structuration pure, à l'état brut, la mise en place d'un terreau fertile… cela demande du temps. Il faudra du temps pour que toutes les réformes portent leurs fruits.
Pensez-vous réussir ?
Je suis un homme de challenge, mon parcours plaide pour moi. Je suis aussi d'un naturel optimiste et j'ai l'impression d'être entouré d'hommes et de femmes de bonne volonté. Je partage aussi pleinement la vision du président du CNOG. Le Comité exécutif et la totalité de ses présidents de Fédérationt m'ont très bien accueilli. Il ne reste plus qu'à travailler. Si je suis perçu comme il se doit, c’est-à-dire comme une source d'analyses sérieuses, une force de propositions et un vecteur du changement, alors nos jeunes talents, nos espoirs se transformeront en " grands médaillables " d'ici 5 à 10 ans ; au niveau de la zone d'abord, puis du continent enfin du monde. Oui, nous devons tous œuvrer dans une logique et un management du changement. Avoir un regard objectif sur nos forces et nos faiblesses, ce que nous ne faisons pas ou mal et ce que nous devons faire. Je suis donc là pour acter techniquement ce changement et déployer une stratégie pensée collectivement, avec les directions techniques des fédérations. Tout le monde aura son rôle à jouer. Chacun doit se sentir faisant partie d'un tout au sein de la Maison sport olympique du Gabon. Je sais enfin que je pourrai compter sur les très nombreux acteurs et amoureux du sport gabonais d'ici ou d'ailleurs, ils sont une force.
Le mot de fin...
C'est un grand privilège de servir le Gabon aimé de tous. Je remercie le peuple gabonais de m'accepter et au CNOG d'être à mon écoute. Je vous en suis reconnaissant. Mon objectif est de créer, avec le temps nécessaire et beaucoup de travail, les conditions pour l'émergence d'un nouveau modèle de performance gabonais et de permettre ainsi l'éclosion de talents sportifs et des champions de demain.
Entretien réalisé par Willy NDONG
Libreville/Gabon