Les réseaux sociaux - encore eux -, ont exposé à la face du Gabon, la semaine du 25 mai dernier, des photos de sacs bleus contenant, tenez-vous bien, des ''saletés'' d'un hôpital. Observation faite, il s'avère qu'en toile de fond, c'est le très célèbre Hôpital d'instruction des armées d'Akanda qui est concerné. Comment en est-on arrivé à tant de négligence quand on sait que cette formation sanitaire est retenue comme site de traitement du Covid-19 ? Est-ce une façon d'étaler au grand jour l'absence d'un incinérateur ? À moins que ce ne soit le traitement des déchets hospitaliers qui soit ici le problème mis à nu !
Vendredi 29 mai 2020, la toile s'enflamme. Des photos de sacs plastiques bleus, contenant des ordures, font le tour des réseaux sociaux. Rien de surprenant dans un Libreville où les poubelles font partie du décor. Sauf que là, on y aperçoit clairement des gants usagés, des masques, aux côtés d'autres déchets. Le tout, négligemment jeté dans des bacs à ordures estampillées Clean Africa. Certains sacs, éventrés et nombreux, jonchent le sol. En toile de fond de ces photos, les constructions très caractéristiques de l'Hôpital d'instruction des armées d'Akanda (HIAA), la seule structure hospitalière environnante.
Il n'en fallait pas plus pour que ces images suscitent un tollé général, dans un contexte de coronavirus hautement contagieux. Et que la structure hospitalière soit accusée de la mise en danger de la vie d'autrui. D'aucuns exigent que les déchets incriminés ne soient point évacués à Mindoubé, où des enfants, fouillant les ordures, pourraient les toucher. Il y a les autres, plus tempérés, qui appellent à prendre connaissance de la gestion des déchets à risque au sein d'un hôpital.
' 'Tout déchet présentant des risques infectieux est incinéré au sein de l'hôpital militaire du PK 9'', écrit un internaute en note de commentaire. Et généralement, poursuit-il, ce type de déchets est empaqueté dans des sachets de coloration jaune. Les bleus étant utilisés pour ceux non contaminants.
Sauf que dans ces déchets incriminés, on voit clairement des masques, des gants, objets potentiellement… contaminés et donc contaminants. Surtout si l'on tient compte du fait que l'HIAA a été retenu comme structure de traitement de la maladie à coronavirus.
Interrogé lors de sa conférence de presse du 30 mai, Guy-Patrick Obiang, porte-parole du Comité de pilotage du plan de veille et de riposte du coronavirus (Copil), visiblement mal à l'aise, aura ces mots : ''Effectivement, nous avons tous découvert cette situation.''
D'après le porte-parole du Copil, une enquête a été ouverte pour situer les responsabilités sur tant de manquements. Et d'ajouter que les déchets ont été enlevés hier soir (le 29 mai). ''Les personnes à l'origine de cette situation ont été sévèrement sanctionnées par les services de Santé militaire'', affirmera-t-il.
Guy-Patrick Obiang aurait pu s'arrêter là, sauf qu'il va ajouter de l'huile sur le feu en soulignant: ''ce ne sont pas les déchets qui proviennent de l'hôpital d'Akanda''. Pour le porteur de la parole du Copil, la personne qui a collecté les déchets incriminés les aurait collectés hors de l'hôpital, dans une structure de prise en charge des cas.
''Il est venu les verser là, alors qu'il lui a été donné instruction d'aller les déposer dans la structure qui est conventionnée avec l'hôpital d'Akanda. Ce qui n'a pas été fait. C'est pourquoi, les responsables de la structure se sont interrogés sur ce comportement. Qu'est-ce qui peut justifier un tel acte ?''
Interrogé à son tour sur la même situation, le Pr Romain Tchoua, responsable de la coordination technique du Copil, indique que dans le cadre de la gestion des déchets hospitaliers, ceux biomédicaux sont collectés dans des contenants jaunes. Les déchets ménagers, dans les sacs bleus, sont envoyés à la décharge de Mindoubé. Il s'est avéré que ces déchets ont été mélangés. Ce qui relève d'une faute professionnelle grave.
Line R. ALOMO
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