Depuis l’incident survenu sur le terminal pétrolier du Cap Lopez opéré par la société anglo-française Perenco, certains faits majeurs ont pu retenir l’attention de l’opinon nationale. En effet, la réaction d’une société civile très active et quelques explications de certains experts qui ont appelé à la vigilance, malgré les assurances de l’administration, nous amènent à nous interroger sur les lendemains de cet accident aux conséquences vraisemblablement peu maîtrisées.
En l’absence de toute forme de communication régulière, la visite récente d’une délégation d’assureurs locaux de Perenco, conduite par l’administrateur directeur général de la Société commerciale gabonaise de réassurance (SCG-Ré) sur site, du 4 au 6 mai dernier, pose des questions. Même si celle-ci n’apporte pour le moment aucune réponse aux interrogations qui s’accumulent depuis cet incident, elle a au moins le mérite d’entrevoir certaines vérités encore enfouies. " Vu ce que représente le pétrole dans l’économie de notre pays ainsi que le leadership qui nous est reconnu pour la protection de l’environnement, il serait souhaitable que l’opérateur économique et l’administration fassent au moins preuve de transparence ", insiste un cadre du ministère de l’Environnement.
Bien que la situation soit sous contrôle, quel est donc à ce jour le niveau d’avancement des opérations de dépollution ? Dans combien de temps le terminal pourrait-il reprendre ses activités de stockage et d’export ? Ces préoccupations sont d’autant plus pertinentes que pour les finances publiques, le manque à gagner serait évalué en fonction de la durée de l’inactivité de ce terminal qui demeure à ce jour le plus important de notre pays. Selon des sources concordantes, pour limiter ses responsabilités face à ses clients, Perenco aurait activé la clause contractuelle de " cas de force majeure " sur une durée de cent cinquante jours.
Dans un tel contexte, au moment où la guerre en Ukraine fait flamber les cours de l’or noir, il est à craindre que notre pays passe à côté d’une manne financière très attendue par notre économie qui en a grandement besoin. Toute chose qui ferait redouter l’effet contraire d’une croissance financière conjoncturelle. Par conséquent, les espoirs nés de la plus-value pétrolière pourraient se transformer en désillusion.
Maxime Serge MIHINDOU
Libreville/Gabon