LES écarts constatés depuis quelques années entre les données issues de la Direction générale de la statistique (DGS) et les prévisions macroéconomiques de la Direction générale de l’Économie (DGE) laissent penser que ces chiffres, nécessaires au calcul du produit intérieur brut (PIB), ne sont pas fiables. À plusieurs reprises, les instances financières internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) avaient déjà attiré l’attention des anciennes autorités, et même pendant leur récente mission en début du mois de février, sur la nécessité d’afficher une cohérence dans les chiffres des comptes nationaux.
La séance de travail présidée le 28 février par le Premier ministre, Raymond Ndong Sima, en présence du vice-Premier ministre, ministre de la Planification et de la Prospective, Alexandre Barro Chambrier, du ministre du Pétrole, Marcel Abéké ainsi que des techniciens des ministères de la Planification et de l’Économie, visait à organiser les contours d’un véritable assainissement du cadre de production des données statistiques et des prévisions macroéconomiques dans notre pays. "Des écarts hors de proportion laissent penser que les chiffres produits sont irréels. Nous avons le devoir de corriger nos méthodes de calcul", a, d’entrée de jeu, suggéré le chef du gouvernement. Il s’agit en effet d’assainir la production du PIB et de mettre en cohérence les données existantes et avoir une position cohérente pour le pays.
"L’initiative des plus hautes autorités est opportune. Elle nous permettra de rendre de plus en plus fiables les données que nous produisons au niveau statistique et à la Direction générale de l’économie. Il y a quelques soucis de cohérence qu’il faut régler. Le Premier ministre a fait savoir qu’il y avait nécessité à corriger et de rendre fiables les données qui confèrent au pays une crédibilité au niveau international. Nous allons ressortir la réalité des chiffres qui doivent être produits", a, pour sa part, indiqué Francis Thierry Tiwinot, le directeur de cabinet du VPM.
COHÉRENCE• Il revient, in fine, aux deux entités administratives de se mettre en synergie et d’explorer, comme l’a recommandé le Premier ministre, toutes les pistes de la cohérence macroéconomique avec un calcul du PIB sur tous les angles, réel, monétaire et financier. "Lorsque vous avez un PIB qui n’est pas solide, vos ratios partent à la dérive et le pays peut être discrédité. Le PIB permet de calculer le taux d’endettement. Un ratio important qui permet de définir si le niveau d’endettement du pays est soutenable. Il est aussi un indicateur de richesse du pays lorsqu’il est calculé par tête", a renchéri M. Tiwinot.
C’est donc un système de collecte de données qu’il faudrait attaquer avec une bonne méthode car les données statistiques dépendent des déclaratifs. Selon les techniciens, ceci permet, au niveau statistique, de pouvoir élaborer des estimations et de valorisation d’un certain nombre d’agrégats. Au niveau de l’économie, ce sont des prévisions qui sont basées sur un certain nombre d’hypothèses fortes qui reposent sur des fondements solides et pour ce faire cela ne devrait pas comporter des contradictions entre les prévisions et ce qui est réalisé.
Maxime Serge MIHINDOU
Libreville/Gabon