Surfant sur les insuffisances de la SEEG et la détresse des populations, plusieurs opérateurs privés se sont lancés dans le commerce très lucratif de la livraison d’eau à domicile. Un trafic non réglementé et non contrôlé par les pouvoirs publics, qui rapporte des millions de francs par mois au mépris de la santé des populations.
Face à la difficulté dans l’approvisionnement en eau potable dans les différents quartiers de la capitale par la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), un commerce parallèle et lucratif s’est créé : celui de la livraison d’eau à domicile par des petits opérateurs privés, en majorité ouest-africains. Ces derniers s’approvisionnent, pour la grande majorité, à partir des puits d’eau creusés artisanalement. Mais cette eau est-elle potable ? Présente-t-elle un risque de santé pour les foyers ? Un livreur d’eau " réputé " est alors contacté. De nationalité burkinabé, Bachirou est très connu dans les environs. Il livre quotidiennement certains foyers, commerces, restaurants et écoles. Un business florissant pour lui. Bachirou facture 12 000 francs le remplissage d’une cuve de 1 000 litres. Et selon ses dires, il en remplit en moyenne une trentaine par jour tous formats confondus.
A la fin de la journée, selon nos calculs, le livreur burkinabé a récolté… au minimum 360 000 francs. Soit 2,5 millions de francs par semaine et… 10 millions de francs net par mois. Car Bachirou ne s’en cache pas. Il livre tous les jours et son carnet de commande est quotidiennement saturé. Sans verser un kopeck à la collectivité.
Complicité. Si l’eau est aussi rare dans les foyers, où Bachirou trouve t-il tous ses litres qu’il déverse quotidiennement dans les maisonnées et autres ? A cette question, l’opérateur économique se montre très évasif et un brin méfiant. Mais il finit tout de même par dévoiler sa provenance : les puits d’eau artisanaux. Bachirou nous avoue disposer d’un forage d’eau dont il a financé personnellement la réalisation. C’est de cette source naturelle qu’il approvisionne tous ses clients en réalisant d’incroyables bénéfices.
Mais cette eau est-elle traitée avant d’être commercialisée ? Est-elle potable ? L’opérateur burkinabé répond par l’affirmative. Sans conviction, toutefois. " L’eau, c’est l’eau ? Tout le monde cherche l’eau dans Libreville ".
La Rédaction
Libreville/Gabon