MANGER le poisson à Port-Gentil est un luxe car il coûte très cher. Comment en est-on arrivé là, alors que le Gabon dispose de 800 kilomètres de côtes… poissonneuses. Il suffit de faire un tour aux marchés du Camp-Boireau, de La Balise et du Grand-Village ainsi qu'au centre de pêche artisanale pour s'en convaincre. Le kilogramme de carpe, de machoiron, de dorade se vend à 2 500 francs. Le capitaine, le rouge… sont écoulés entre 2 700 et 3 000 francs voire 3 500 francs, car tout dépend du prix d'achat auprès des pêcheurs. "Lorsque nous achetons à la pirogue à 2 200 francs le kilo, nous revendons à 2 500 francs. À 2 500 francs, nous le laissons au client à 2 700 ou 2 800 francs. C'est en fonction de la loi de l'offre et de la demande", expliquent les mareyeuses.
Les pêcheurs, pour justifier leurs prix, évoquent le coût du carburant, du matériel de pêche et les tracasseries policières, entre autres. Pourtant, l'Ogooué-Maritime avait abrité, fin avril 2023, simultanément avec d'autres provinces, les "assises provinciales de lutte contre la vie chère au Gabon". Lesquelles s'étaient soldées par de nombreuses résolutions tendant à améliorer le pouvoir d'achat des populations. Deux semaines plus tard, à l'initiative du ministère de la Pêche de l'époque, la capitale économique abritait le forum sur l'industrialisation de la filière thonière dénommé "Destination Gabon bleu".
Une rencontre de trois jours qui avait abouti, elle aussi, à des recommandations, soit 19 au total, et à l'issue de laquelle une "foire aux poissons" fut organisée. Le kilogramme de poisson était à cette occasion vendu à 1 000 francs. Les Portgentillais avaient alors cru que l'on s'acheminait vers la chute des prix des produits halieutiques. Simple illusion. Une de plus.
René AKONE DZOPE
Port-Gentil/Gabon